Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/374

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CARISE.

Quoi ? que vous cesserez de l’aimer ?

ÉGLÉ.

Sans doute ; si le plaisir de se voir s’en va quand on le prend trop souvent, est-ce ma faute à moi ?

CARISE.

Vous nous avez soutenu que cela ne se pouvait pas.

ÉGLÉ.

Ne me chicanez donc pas ; que savais-je ? Je l’ai soutenu par ignorance.

CARISE.

Églé, ce ne peut pas être son trop d’empressement à vous voir qui lui nuit auprès de vous ; il n’y a pas assez long-temps que vous le connaissez.

ÉGLÉ.

Pas mal de temps ; nous avons déjà eu trois conversations ensemble, et apparemment que la longueur des entretiens est contraire.

CARISE.

Vous ne dites pas son véritable tort, encore une fois.

ÉGLÉ.

Oh ! il en a encore un et même deux, il en a je ne sais combien ; premièrement, il m’a contrariée ; car mes mains sont à moi, je pense, elles m’appartiennent, et il défend qu’on les baise !

CARISE.

Et qui est-ce qui a voulu les baiser ?