Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/530

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
520
LES ACTEURS DE BONNE FOI ,

MADAME ARGANTE

Et moi, je lui défends de vous en empêcher ; je vous sers de mère ici, c’est moi qui suis la vôtre.

BLAISE

Et au par-dessus, on se raille de ma parsonne dans ce peste de jeu-là, noute maîtresse. Colette y fait semblant d’avoir le cœur tendre pour monsieur Merlin, monsieur Merlin de li céder le sien ; et, maugré la comédie, tout ça est vrai, noute maîtresse ; car ils font semblant de faire semblant, rien que pour nous en revendre ; et ils ont tous deux la malice de s’aimer pour de bon en dépit de Lisette qui n’en tâtera que d’une dent, et en dépit de moi, qui sis pourtant retenu pour gendre de mon biau-père. (Les dames rient.)

MADAME ARGANTE

Eh ! le butor ! On a bien affaire de vos bêtises. Et vous, Merlin, de quoi vous avisez-vous d’aller faire une vérité d’une bouffonnerie ? Laissez-lui sa Colette, et mettez-lui l’esprit en repos.

COLETTE

Oui ; mais je ne veux pas qu’il me laisse, moi ; je veux qu’il me garde.

MADAME ARGANTE

Qu’est-ce que cela signifie, petite fille ? Retirez-vous, puisque vous n’êtes pas de cette scène-ci ; vous paraîtrez quand il sera temps ; continuez, vous autres.

MERLIN

Allons, Blaise ; tu me reproches que j’aime Colette ?