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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/534

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LES ACTEURS DE BONNE FOI ,

LE NOTAIRE

Accommodez-vous donc, mesdames ; car d’autres affaires m’appellent ailleurs. Au reste, suivant toute apparence, ce contrat est à présent inutile, et ce n’est plus conforme à vos intentions, puisque c’est celui qu’on a dressé hier, et qu’il est au nom de monsieur Éraste et de mademoiselle Angélique.

MADAME AMELIN

Est-il vrai ? Oh ! sur ce pied-là, ce n’est pas la peine de le refaire ; il faut le signer comme il est.

ÉRASTE

Qu’entends-je ?

MADAME ARGANTE

Ah ! ah ! j’ai donc deviné ; vous vous donniez la comédie, et je suis prise pour dupe ; signons donc. Vous êtes toutes deux de méchantes personnes.

ÉRASTE

Ah ! je respire.

ANGÉLIQUE

Qui l’aurait cru ? Il n’y a plus qu’à rire.

ARAMINTE, à madame Argante.

Vous ne m’aimerez jamais tant que vous m’avez haïe ; mais mes quarante ans me restent sur le cœur ; je n’en ai pourtant que trente-neuf et demi.

MADAME ARGANTE

Je vous en aurais donné cent dans ma colère ; et je vous conseille de vous plaindre, après la scène que je viens de vous donner !

MADAME AMELIN

Et le tout sans préjudice de la pièce de Merlin.