Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/314

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HORTENSE

Hier au soir en arrivant, quand j’eus l’honneur de vous revoir, vous me parûtes aussi tranquille que vous l’étiez avant mon départ.

LA PRINCESSE

Cela est bien différent, et je vous parus hier ce que je n’étais pas ; mais nous avions des témoins, et d’ailleurs vous aviez besoin de repos.

HORTENSE

Que vous est-il donc arrivé, Madame ? Car je compte que mon absence n’aura rien diminué des bontés et de la confiance que vous aviez pour moi.

LA PRINCESSE

Non, sans doute. Le sang nous unit ; je sais votre attachement pour moi, et vous me serez toujours chère ; mais j’ai peur que vous ne condamniez mes faiblesses.

HORTENSE

Moi, Madame, les condamner ! Eh n’est-ce pas un défaut que de n’avoir point de faiblesse ? Que ferions-nous d’une personne parfaite ? À quoi nous serait-elle bonne ? Entendrait-elle quelque chose à nous, à notre cœur, à ses petits besoins ? quel service pourrait-elle nous rendre avec sa raison ferme et sans quartier, qui ferait main basse sur tous nos mouvements ? Croyez-moi Madame ;