Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/333

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LÉLIO

Non, Madame ; je ne l’exige point non plus ; ce bonheur-là n’est pas fait pour moi, et je ne mérite sans doute que votre indifférence.

HORTENSE

Je ne serais pas assez modeste si je vous disais que vous l’êtes trop, mais de quoi s’agit-il ? Je vous estime, je vous ai une grande obligation ; nous nous retrouvons ici, nous nous reconnaissons ; vous n’avez pas besoin de moi, vous avez la Princesse ; que pourriez-vous me vouloir encore ?

LÉLIO

Vous demander la seule consolation de vous ouvrir mon cœur.

HORTENSE

Oh ! je vous consolerais mal ; je n’ai point de talents pour être confidente.

LÉLIO

Vous, confidente, Madame ! Ah ! vous ne voulez pas m’entendre.

HORTENSE

Non, je suis naturelle ; et pour preuve de cela, vous pouvez vous expliquer mieux, je ne vous en empêche point, cela est sans conséquence.

LÉLIO

Eh quoi ! Madame, le chagrin que j’eus en vous quittant, il y a sept ou huit mois, ne vous a point appris mes sentiments ?