Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/346

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que vous ferez n’est pas sans exemple dans cet État.

LÉLIO

Madame, vous avez d’habiles gens ici, d’anciens serviteurs, à qui cet emploi convient mieux qu’à moi.

LA PRINCESSE

La supériorité de mérite doit l’emporter en pareil cas sur l’ancienneté de services ; et d’ailleurs Frédéric est le seul que cette fonction pouvait regarder, si vous n’y étiez pas ; mais il m’est affectionné, et je suis sûre qu’il se soumet de bon cœur au choix qui m’a paru le meilleur. Frédéric, soyez ami de Lélio ; je vous le recommande. (Frédéric fait une profonde révérence ; la Princesse continue.) C’est aujourd’hui le jour de ma naissance, et ma cour, suivant l’usage me donne aujourd’hui une fête que je vais voir. Lélio, donnez-moi la main pour m’y conduire ; vous y verra-t-on, Frédéric ?

FRÉDÉRIC

Madame, les fêtes ne me conviennent plus.


Scène XII

FRÉDÉRIC, seul.


Si je ne viens à bout de perdre cet homme-là, ma chute est sûre… Un homme sans nom, sans parents, sans patrie, car on ne sait d’où il vient, m’arrache le ministère, le fruit de trente années de travail !… Quel coup de malheur ! je ne puis digérer une aussi bizarre aventure. Et je n’en saurais douter, c’est