Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/362

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cela, combien je vous aime ?… Cela est si gros, que je n’en sais pas le compte.

LISETTE

Vous voulez m’épouser ?

ARLEQUIN

Oh ! je ne badine point ; je vous recherche honnêtement, par-devant notaire.

LISETTE

Vous êtes tout à moi ?

ARLEQUIN

Comme un quarteron d’épingles que vous auriez acheté chez le marchand.

LISETTE

Vous avez envie que je sois heureuse ?

ARLEQUIN

Je voudrais pouvoir vous entretenir fainéante toute votre vie : manger, boire et dormir, voilà l’ouvrage que je vous souhaite.

LISETTE

Eh bien ! mon ami, il faut que je vous avoue une chose ; j’ai fait tirer mon horoscope il n’y a pas plus de huit jours.

ARLEQUIN

Oh ! oh !

LISETTE

Vous passâtes dans ce moment-là, et on me dit : voyez-vous ce joli brunet qui passe ? il s’appelle Arlequin.