Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA PRINCESSE

, souriant d’un air forcé.

Vous êtes fort contente de lui, Hortense ; n’y aurait-il rien d’équivoque là-dessous ? Qu’est-ce que cela signifie ?

HORTENSE

Ce que signifie je suis contente de lui ? Cela veut dire… En vérité, Madame, cela veut dire que je suis contente de lui ; on ne saurait expliquer cela qu’en le répétant. Comment feriez-vous pour dire autrement ? Je suis satisfaite de ce qu’il m’a répondu sur votre chapitre ; l’aimez-vous mieux de cette façon-là ?

LA PRINCESSE

Cela est plus clair.

HORTENSE

C’est pourtant la même chose.

LA PRINCESSE

Ne vous fâchez point ; je suis dans une situation d’esprit qui mérite un peu d’indulgence. Il me vient des idées fâcheuses, déraisonnables. Je crains tout, je soupçonne tout ; je crois que j’ai été jalouse de vous, oui de vous-même, qui êtes la meilleure de mes amies, qui méritez ma confiance, et qui l’avez. Vous êtes aimable, Lélio l’est aussi ; vous vous êtes vu tous deux ; vous m’avez fait un rapport de lui qui n’a pas rempli mes espérances ; je me suis égarée là-dessus ; j’ai vu mille chimères ; vous étiez déjà ma rivale. Qu’est-ce que c’est que l’amour, ma chère Hortense ! Où est l’estime que j’ai pour vous,