Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/387

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LÉLIO

Fort bien ; mais nos peuples n’ont-ils pas leurs lois particulières ? Êtes-vous sûr, Monsieur, qu’ils voudront bien passer sous une domination étrangère, et peut-être se soumettre aux coutumes d’une nation qui leur est antipathique ?

L’AMBASSADEUR

Désobéiront-ils à leur souveraine ?

LÉLIO

Ils lui désobéiront par amour pour elle.

FRÉDÉRIC

En ce cas-là, il ne sera pas difficile de les réduire.

LÉLIO

Y pensez-vous, Monsieur ? S’il faut les opprimer pour les rendre tranquilles, comme vous l’entendez, ce n’est pas de leur souveraine que doit leur venir un pareil repos ; il n’appartient qu’à la fureur d’un ennemi de leur faire un présent si funeste.

FRÉDÉRIC

, à part, à l’Ambassadeur.

Vous voyez des preuves de ce que je vous ai dit.

L’AMBASSADEUR

, à Lélio.

Votre avis est donc de rejeter le mariage que je propose ?

LÉLIO

Je ne le rejette point ; mais il mérite réflexion. Il faut examiner mûrement les choses ; après quoi, je conseillerai à la Princesse ce que je jugerai de mieux