Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/416

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LA PRINCESSE

De la timidité, Madame ! Votre amitié pour moi vous fournit des motifs de consolation bien faibles, ou vous êtes bien distraite !

HORTENSE

On ne peut être plus attentive que je le suis, Madame.

LA PRINCESSE

Vous oubliez pourtant les obligations que je vous ai ; lui, n’oser me dire qu’il m’aime ! eh ! ne l’avez-vous pas informé de ma part des sentiments que j’avais pour lui ?

HORTENSE

J’y pensais tout à l’heure, Madame ; mais je crains de l’en avoir mal informé. Je parlais pour une princesse ; la matière était délicate, je vous aurai peut-être un peu trop ménagée, je me serai expliquée d’une manière obscure, Lélio ne m’aura pas entendue et ce sera ma faute.

LA PRINCESSE

Je crains, à mon tour, que votre ménagement pour moi n’ait été plus loin que vous ne dites ; peut-être ne l’avez-vous pas entretenu de mes sentiments ; peut-être l’avez-vous trouvé prévenu pour une autre ; et vous, qui prenez à mon cœur un intérêt si tendre, si généreux, vous m’avez fait un mystère de tout ce qui s’est passé ; c’est une discrétion prudente, dont je vous crois très capable.