Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/450

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votre serviteur en ce moment s’estime le plus heureux de tous.

LE CHEVALIER

Laissez là vos politesses. Un maître ne demande à son valet que l’attention dans ce à quoi il l’emploie.

TRIVELIN

Son valet ! le terme est dur ; il frappe mes oreilles d’un son disgracieux ; ne purgera-t-on jamais le discours de tous ces noms odieux ?

LE CHEVALIER

La délicatesse est singulière !

TRIVELIN

De grâce, ajustons-nous ; convenons d’une formule plus douce.

LE CHEVALIER

, à part.

Il se moque de moi. Vous riez, je pense ?

TRIVELIN

C’est la joie que j’ai d’être à vous qui l’emporte sur la petite mortification que je viens d’essuyer.

LE CHEVALIER

Je vous avertis, moi, que je vous renvoie, et que vous ne m’êtes bon à rien.

TRIVELIN

Je ne vous suis bon à rien ! Ah ! ce que vous dites là ne peut pas être sérieux.

LE CHEVALIER

, à part.

Cet homme-là est un extravagant. (À Trivelin.) Retirez-vous.