Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

TRIVELIN

Eh ! quelle espèce de commission vous donne-t-elle auprès de ce Lélio ? L’emploi me paraît gaillard, soubrette de mon âme.

LE CHEVALIER

Point du tout. Ma charge, sous cet habit-ci, est d’attaquer le cœur de la Comtesse ; je puis passer, comme tu vois, pour un assez joli cavalier, et j’ai déjà vu les yeux de la Comtesse s’arrêter plus d’une fois sur moi ; si elle vient à m’aimer, je la ferai rompre avec Lélio ; il reviendra à Paris, on lui proposera ma maîtresse qui y est ; elle est aimable, il la connaît, et les noces seront bientôt faites.

TRIVELIN

Parlons à présent à rez-de-chaussée : as-tu le cœur libre ?

LE CHEVALIER

Oui

TRIVELIN

Et moi aussi. Ainsi, de compte arrêté ; cela fait deux cœurs libres, n’est-ce pas ?

LE CHEVALIER

Sans doute.

TRIVELIN

Ergo, je conclus que nos deux cœurs soient désormais camarades.