Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/464

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LE CHEVALIER

Par mille raisons… parce que je ne pourrai jamais avoir de l’amour pour la Comtesse ; si elle ne voulait que de l’amitié, je serais à son service ; mais n’importe.

LÉLIO

Eh ! qui est-ce qui te prie d’avoir de l’amour pour elle ? Est-il besoin d’aimer sa femme ? Si tu ne l’aimes pas, tant pis pour elle ; ce sont ses affaires et non pas les tiennes.

LE CHEVALIER

Bon ! mais je croyais qu’il fallait aimer sa femme, fondé sur ce qu’on vivait mal avec elle quand on ne l’aimait pas.

LÉLIO

Eh ! tant mieux quand on vit mal avec elle ; cela vous dispense de la voir, c’est autant de gagné.

LE CHEVALIER

Voilà qui est fait ; me voilà prêt à exécuter ce que tu souhaites. Si j’épouse la Comtesse, j’irai me fortifier avec le brave Lélio dans le dédain qu’on doit à son épouse.

LÉLIO

Je t’en donnerai un vigoureux exemple, je t’en assure ; crois-tu, par exemple, que j’aimerai la demoiselle de Paris, moi ? Une quinzaine de jours tout au plus ; après quoi, je crois que j’en serai bien las.

LE CHEVALIER

Eh ! donne-lui le mois tout entier à cette pauvre