Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/475

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vaut pas mieux ; sentir est trop ; c’est connaître qu’il faudrait dire.

LA COMTESSE

Je suis d’avis de ne dire plus mot, et d’attendre que vous m’ayez donné la liste des termes sans reproches que je dois employer, je crois que c’est le plus court ; il n’y a que ce moyen-là qui puisse me mettre en état de m’entretenir avec vous.

LÉLIO

Eh ! Madame, faites grâce à mon amour.

LA COMTESSE

Supportez donc mon ignorance ; je ne savais pas la différence qu’il y avait entre connaître et sentir.

LÉLIO

Sentir, Madame, c’est le style du cœur, et ce n’est pas dans ce style-là que vous devez parler du Chevalier.

LA COMTESSE

Écoutez ; le vôtre ne m’amuse point ; il est froid, il me glace ; et, si vous voulez même, il me rebute.

LÉLIO

, à part.

Bon ! je retirerai mon billet.

LA COMTESSE

Quittons-nous, croyez-moi ; je parle mal, vous ne me répondez pas mieux ; cela ne fait pas une conversation amusante.

LÉLIO

Allez-vous, rejoindre le Chevalier ?