Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/481

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vous donner un petit essai de ce que vous appelez manière insinuante.

Elle se retire.


Scène III

LÉLIO, TRIVELIN


LÉLIO

, un moment seul et en riant.

Allons, allons, cela va très rondement ; j’épouserai les douze mille livres de rente. Mais voilà le valet du Chevalier. (À Trivelin.) Il m’a paru tantôt que tu avais quelque chose à me dire ?

TRIVELIN

Oui, Monsieur ; pardonnez à la liberté que je prends. L’équipage où je suis ne prévient pas en ma faveur ; cependant, tel que vous me voyez, il y a là dedans le cœur d’un honnête homme, avec une extrême inclination pour les honnêtes gens.

LÉLIO

Je le crois.

TRIVELIN

Moi-même, et je le dis avec un souvenir modeste, moi-même autrefois, j’ai été du nombre de ces honnêtes gens ; mais vous savez, Monsieur, à combien d’accidents nous sommes sujets dans la vie. Le sort m’a joué ; il en a joué bien d’autres ; l’histoire est remplie du récit de ses mauvais tours : princes, héros, il a tout malmené, et je me console de mes malheurs avec de tels confrères.