Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/501

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LE CHEVALIER

Vous ne risquez rien à me donner carte blanche ; je sais le respect que je dois à vos véritables intentions.

LA COMTESSE

Mais, Chevalier, il ne faut pas respecter des chimères.

LE CHEVALIER

Il n’y a rien de plus poli que ce discours-là.

LA COMTESSE

il n’y a rien de plus désagréable que votre obstination à me croire polie ; car il faudra, malgré moi, que je la sois. Je suis d’un sexe un peu fier. Je vous dis de rester, je ne saurais aller plus loin ; aidez-vous.

LE CHEVALIER

, à part.

Sa fierté se meurt, je veux l’achever. (Haut.) Adieu, Madame ; je craindrais de prendre le change, je suis tenté de demeurer, et je fuis le danger de mal interpréter vos honnêtetés. Adieu ; vous renvoyez mon cœur dans un terrible état.

LA COMTESSE

Vit-on jamais un pareil esprit, avec son cœur qui n’a pas le sens commun ?

LE CHEVALIER

, se retournant.

Du moins, Madame, attendez que je sois parti, pour marquer un dégoût à mon égard.

LA COMTESSE

Allez, Monsieur ; je ne saurais attendre ; allez à Paris