Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/511

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Scène IX

LE CHEVALIER, LA COMTESSE, LÉLIO


Lélio arrive en faisant au Chevalier des signes de joie.

LÉLIO

Tout beau, Monsieur Le Chevalier, tout beau ; laissons là Lélio, dites-vous ! Vous le méprisez bien ! Ah ! grâces au ciel et à la bonté de Madame, il n’en sera rien, s’il vous plaît. Lélio, qui vaut mieux que vous, restera, et vous vous en irez. Comment, morbleu ! que dites-vous de lui, Madame ? Ne suis-je pas entre les mains d’un ami bien scrupuleux ? Son procédé n’est-il pas édifiant ?

LE CHEVALIER

Eh ! Que trouvez-vous de si étrange à mon procédé, Monsieur ? Quand je suis devenu votre ami, ai-je fait vœu de rompre avec la beauté, les grâces et tout ce qu’il y a de plus aimable dans le monde ? Non, parbleu ! Votre amitié est belle et bonne, mais je m’en passerai mieux que d’amour pour Madame. Vous trouvez un rival ; eh bien ! prenez patience. En êtes-vous étonné, si Madame n’a pas la complaisance de s’enfermer pour vous ; vos étonnements ont tout l’air d’être fréquents, et il faudra bien que vous vous y accoutumiez.

LÉLIO

Je n’ai rien à vous répondre ; Madame aura soin de me venger de vos louables entreprises. (À La Comtesse.) Voulez-vous bien que je vous donne la main, Madame ?