Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/554

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je ne crois pas qu’elle soit de sa connaissance. Mais il n’est pas juste qu’un misérable dédit vous brouille ensemble ; tenez, ne vous gênez plus ni l’un ni l’autre ; le voilà rompu. Ha, ha, ha.

LÉLIO

Ah, fourbe !

LE CHEVALIER

Ha, ha, ha, consolez-vous, Lélio ; il vous reste une demoiselle de douze mille livres de rente ; ha, ha ! On vous a écrit qu’elle était belle ; on vous a trompé, car la voilà ; mon visage est l’original du sien.

LA COMTESSE
Ah juste ciel !
LE CHEVALIER

Ma métamorphose n’est pas du goût de vos tendres sentiments, ma chère Comtesse. Je vous aurais mené assez loin, si j’avais pu vous tenir compagnie ; voilà bien de l’amour de perdu ; mais, en revanche, voilà une bonne somme de sauvée ; je vous conterai le joli petit tour qu’on voulait vous jouer.

LA COMTESSE

Je n’en connais point de plus triste que celui que vous me jouez vous-même.

LE CHEVALIER

Consolez-vous : vous perdez d’aimables espérances, je ne vous les avais données que pour votre bien. Regardez le chagrin qui vous arrive comme une petite punition de votre inconstance ; vous avez quitté Lélio moins par raison que par légèreté, et cela mérite un