Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/124

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COLIN

Il est vrai que je ne savons pas l’ostographe ; mais morgué ! je sommes tout à fait drôle ; quand je ris, c’est de bon cœur ; quand je chante, c’est pis qu’un marle, et de chansons j’en savons plein un boissiau ; c’est toujours moi qui mène le branle, et pis je saute comme un cabri ; et boute et t’en auras, toujours le pied en l’air ; n’y a que moi qui tiant, hors Mathuraine, da, qui est aussi une sauteuse, haute comme une parche. La connaissez-vous ? c’est une bonne criature, et moi aussi ; tenez, je prends le temps comme il viant, et l’argent pour ce qu’il vaut. Parlons de vous. Je sis riche, ous êtes belle, je vous aime bian, tout ça rime ensemble ; comment me trouvez-vous ?

MADAME DAMIS

Il ne vous manque qu’un peu d’éducation, Colin.

COLIN

Morgué ! l’appétit ne me manque pas, toujours ; c’est le principal ; et pis cette éducation, à quoi ça sart-il ? Est-ce qu’on en aime mieux ? Je gage que non. Marions-nous ; vous en varrez la preuve. Velà parler, ça.

MADAME DAMIS

Je crois que vous m’aimerez ; mais écoutez, Colin ; il faudra vous conformer un peu à ce que je vous dirai ; j’ai de l’éducation, moi, et je vous mettrai au fait de bien des choses.