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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/310

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bout de quelques années, Cléomène mourut, aussi bien que la Princesse son épouse, qui ne lui survécut que six mois et qui, en mourant, mit au monde un prince qui disparut, et qu’on eut l’adresse de soustraire à Léonidas, qui n’en découvrit jamais la moindre trace, et qui mourut enfin sans enfants, regretté du peuple qu’il avait bien gouverné, et qui vit tranquillement succéder son frère, à qui je dois la naissance, et au rang de qui j’ai succédé moi-même.

HERMIDAS

Oui ; mais tout cela ne dit encore rien de notre déguisement, ni des portraits dont j’ai fait la copie, et voilà ce que je veux savoir.

PHOCION

Doucement : ce Prince, qui reçut la vie dans la prison de sa mère, qu’une main inconnue enleva dès qu’il fut né, et dont Léonidas ni mon père n’ont jamais entendu parler, j’en ai des nouvelles, moi.

HERMIDAS

Le ciel en soit loué ! Vous l’aurez donc bientôt en votre pouvoir.

PHOCION

Point du tout ; c’est moi qui vais me remettre au sien.

HERMIDAS

Vous, Madame ! vous n’en ferez rien, je vous jure ; je ne le souffrirai jamais : comment donc ?

PHOCION

Laisse-moi achever. Ce Prince est depuis dix ans