Aller au contenu

Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

AGIS

Vous avez parlé de mes yeux ; il semble que les vôtres m’apprennent que vous n’êtes pas insensible.

PHOCION

Oh ! pour de mes yeux, je n’en réponds point ; ils peuvent bien vous dire que je vous aime ; mais je n’aurai pas à me reprocher de vous l’avoir dit, moi.

AGIS

Juste ciel ! dans quel abîme de passion le charme de ce discours-là ne me jette-t-il point ! Vos sentiments ressemblent aux miens.

PHOCION

Oui, cela est vrai ; vous l’avez deviné, et ce n’est pas ma faute. Mais ce n’est pas le tout que d’aimer, il faut avoir la liberté de se le dire, et se mettre en état de se le dire toujours. Et le seigneur Hermocrate qui vous gouverne…

AGIS

Je le respecte et je l’aime. Mais je sens déjà que les cœurs n’ont point de maître. Cependant il faut que je le voie avant qu’il vous parle ; car il pourrait bien vous renvoyer dès aujourd’hui, et nous avons besoin d’un peu de temps pour voir ce que nous ferons.

DIMAS

paraît dans l’enfoncement du théâtre sans approcher, et chante pour avertir de finir la conversation.

Ta ra ta la ra !