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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/410

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de votre âme, rien ne peut m’arracher à tant d’attraits, et c’en est assez pour vous adorer toute ma vie.

PHOCION

Ô dieux ! que d’amour ! Mais plus il m’est cher, et plus je crains de le perdre ; je vous ai déguisé qui j’étais, et ma naissance vous rebutera peut-être.

AGIS

Hélas ! vous ne savez pas qui je suis moi-même, ni tout l’effroi que m’inspire pour vous la pensée d’unir mon sort au vôtre. Ô cruelle princesse, que j’ai de raisons de te hair !

PHOCION

Eh ! de qui parlez-vous, Agis ? Quelle princesse haïssez-vous tant ?

AGIS

Celle qui règne, Aspasie ; mon ennemie et la vôtre. Mais quelqu’un vient qui m’empêche de continuer.

PHOCION

C’est Hermocrate. Que je le hais de nous interrompre ! Je ne vous laisse que pour un moment, Agis, et je reviens dès qu’il vous aura quitté. Ma destinée avec vous ne dépend plus que d’un mot. Vous me haïssez, sans le savoir pourtant.

AGIS

Moi, Aspasie ?

PHOCION

On ne me donne pas le temps de vous en dire davantage. Finissez avec Hermocrate.