Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/52

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autre ; je la suis par hasard ; n’est-ce pas le hasard qui fait tout ? Qu’y a-t-il à dire à cela ? J’ai même un visage de condition ; tout le monde me l’a dit.

Arlequin

Pardi ! je vous prendrais bien, moi, si je n’aimais pas votre suivante un petit brin plus que vous. Conseillez-lui aussi de l’amour pour ma petite personne, qui, comme vous voyez, n’est pas désagréable.

Cléantis

Vous allez être content ; je vais appeler Cléantis, je n’ai qu’un mot à lui dire : éloignez-vous un instant et revenez. Vous parlerez ensuite à Arlequin pour moi ; car il faut qu’il commence ; mon sexe, la bienséance et ma dignité le veulent.

Arlequin

Oh ! ils le veulent, si vous voulez ; car dans le grand monde on n’est pas si façonnier ; et sans faire semblant de rien, vous pourriez lui jeter quelque petit mot bien clair à l’aventure pour lui donner courage, à cause que vous êtes plus que lui ; c’est l’ordre.

Cléantis

C’est assez bien raisonner. Effectivement, dans le cas où je suis, il pourrait y avoir de la petitesse à m’assujettir à de certaines formalités qui ne me regardent plus ; je comprends cela à merveille ; mais parlez-lui toujours, je vais dire un mot à Cléantis ; tirez-vous à quartier pour un moment.