Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/54

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qui vous aimaient ? vous voilà bien étourdie ! est-ce le mot d’amour qui vous effarouche ? Vous le connaissez tant cet amour ! vous n’avez jusqu’ici regardé les gens que pour leur en donner ; vos beaux yeux n’ont fait que cela ; dédaignent-ils la conquête du seigneur Iphicrate ? Il ne vous fera pas de révérences penchées ; vous ne lui trouverez point de contenance ridicule, d’airs évaporés : ce n’est point une tête légère, un petit badin, un petit perfide, un joli volage, un aimable indiscret ; ce n’est point tout cela ; ces grâces-là lui manquent à la vérité ; ce n’est qu’un homme franc, qu’un homme simple dans ses manières, qui n’a pas l’esprit de se donner des airs ; qui vous dira qu’il vous aime, seulement parce que cela sera vrai ; enfin ce n’est qu’un bon cœur, voilà tout ; et cela est fâcheux, cela ne pique point. Mais vous avez l’esprit raisonnable ; je vous destine à lui, il fera votre fortune ici, et vous aurez la bonté d’estimer son amour, et vous y serez sensible, entendez-vous ? Vous vous conformerez à mes intentions, je l’espère ; imaginez-vous même que je le veux.

Euphrosine

Où suis-je ! et quand cela finira-t-il ?

Elle rêve.