Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/57

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Arlequin

Bon, bon ! à qui est-ce que vous contez cela ? vous êtes digne de toutes les dignités imaginables ; un empereur ne vous vaut pas, ni moi non plus ; mais me voilà, moi, et un empereur n’y est pas ; et un rien qu’on voit vaut mieux que quelque chose qu’on ne voit pas. Qu’en dites-vous ?

Euphrosine

Arlequin, il me semble que tu n’as point le cœur mauvais.

Arlequin

Oh ! il ne s’en fait plus de cette pâte-là ; je suis un mouton.

Euphrosine

Respecte donc le malheur que j’éprouve.

Arlequin

Hélas ! je me mettrais à genoux devant lui.

Euphrosine

Ne persécute point une infortunée, parce que tu peux la persécuter impunément. Vois l’extrémité où je suis réduite ; et si tu n’as point d’égard au rang que je tenais dans le monde, à ma naissance, à mon éducation, du moins que mes disgrâces, que mon esclavage, que ma douleur t’attendrissent. Tu peux ici m’outrager