Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/79

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CLAUDINE

, joyeuse.

Ça est çartain ? mais ne rêves-tu pas ? n’as-tu pas le çarviau renvarsé ?

BLAISE

Doucement, soyons civils envers nos parsonnes.

CLAUDINE

Mais les as-tu vus ?

BLAISE

Je leur ons quasiment parlé ; j’ons été chez le maltôtier qui les avait de mon frère, et qui les fait aller et venir pour notre profit, et je les ons laissés là : car, par le moyen de son tricotage, ils rapportont encore d’autres écus ; et ces autres écus, qui venont de la manigance, engendront d’autres petits magots d’argent qu’il boutra avec le grand magot, qui, par ce moyen, devianra ancore pus grand ; et j’apportons le papier comme quoi ce monciau du petit et du grand m’appartiant, et comme quoi il me fera délivrance, à ma volonté, du principal et de la rente de tout ça, dont il a été parlé dans le papier qui en rend témoignage en la présence de mon procureur, qui m’assistait pour agencer l’affaire.

CLAUDINE

Ah mon homme, tu me ravis l’âme : ça m’attendrit. Ce pauvre biau-frère ! je le pleurons de bon cœur.

BLAISE

Hélas ! je l’ons tant pleuré d’abord, que j’en ons prins ma suffisance.