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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/133

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âme qui ne sait jamais rien, qui n’a jamais rien vu, qui est toujours toute neuve.

Tel est le peuple de Paris, à ce que j’ai remarqué dans l’occasion. Vous ne vous seriez peut-être pas trop souciée de le connaître ; mais une définition de plus ou de moins, quand elle vient à propos, ne gâte rien dans une histoire. Ainsi laissons celle-là, puisqu’elle y est.

Vous jugez bien, suivant le portrait que j’ai fait de ce peuple, que Mme Dutour n’avait point de secours à en espérer.

Le moyen qu’aucun des assistants eût voulu renoncer à voir le progrès d’une querelle qui promettait tant ! À tout moment on touchait à la catastrophe. Mme Dutour n’avait qu’à pouvoir parvenir à frapper le cocher de l’aune qu’elle tenait, voyez ce qu’il en serait arrivé avec un fiacre !

De mon côté, j’étais désolée ; je ne cessais de crier à Mme Dutour : Arrêtez-vous ! Le cocher s’enrouait à prouver qu’on ne lui donnait pas son compte, qu’on voulait avoir sa course pour rien, témoin les douze sols qui n’allaient jamais sans avoir leur épithète : et des épithètes d’un cocher, on en soupçonne l’incivile élégance.

Le seul intérêt des bonnes mœurs devait engager Mme Dutour à composer avec ce misérable ; il n’était