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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/171

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foulé sans dire où on loge ? Car il n’y a que cela qui vous nuit aujourd’hui.

Je ne faisais pas grande attention à ce qu’elle me disait, et ne lui répondais même que par complaisance.

Enfin, ma fille, continua-t-elle, de remède, je n’y en vois point. Voyez, avisez-vous ; car après ce qui est arrivé, il faut bien prendre votre parti, et le plus tôt sera le mieux. Je ne veux point d’esclandre dans ma maison, ni moi ni Toinon n’en avons que faire. Je sais bien que ce n’est pas votre faute ; mais il n’importe, on prend tout à rebours dans ce monde, chacun juge et ne sait ce qu’il dit ; les caquets viennent : eh ! qui est-il, et qui est-elle ? et où est-ce que c’est, où est-ce que ce n’est pas ? Cela n’est pas agréable ; sans compter que nous ne vous sommes de rien, ni vous de rien à nous ; pour une parente, pour la moindre petite cousine, encore passe : mais vous ne l’êtes ni de près ni de loin, ni à nous ni à personne.

Vous m’affligez, madame, lui repartis-je vivement : ne vous ai-je pas dit que je m’en irais demain ? Est-ce que vous voulez que je m’en aille aujourd’hui ? ce sera comme il vous plaira.

Non, ma fille, non, me répondit-elle ; j’entends raison, je ne suis pas une femme si étrange : et si vous saviez la pitié que vous me faites, assurément vous ne vous plaindriez pas de moi. Non, vous coucherez ici, vous y souperez ; ce qu’il y aura, nous le mangerons ; de votre argent, je n’en veux point ; et si par hasard il y a occasion de vous rendre quelque