Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/203

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c’est un embonpoint tout différent de celui des autres, un embonpoint qui s’est formé plus à l’aise et plus méthodiquement, c’est-à-dire où il entre plus d’art, plus de façon, plus d’amour de soi-même que dans le nôtre.

D’ordinaire, c’est, ou le tempérament, ou la quantité de nourriture, ou l’inaction et la mollesse qui nous acquièrent le nôtre, et cela est tout simple ; mais pour celui dont je parle, on sent qu’il faut, pour l’avoir acquis, s’en être saintement fait une tâche : il ne peut être que l’ouvrage d’une délicate, d’une amoureuse et d’une dévote complaisance qu’on a pour le bien et pour l’aise de son corps ; il est non seulement un témoignage qu’on aime la vie et la vie saine, mais qu’on l’aime douce, oisive et friande : et qu’en jouissant du plaisir de se porter bien, on s’accorde encore autant de douceurs et de privilèges que si on était toujours convalescente.

Aussi cet embonpoint religieux n’a-t-il pas la forme du nôtre,