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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/261

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lui sentis d’envie de me plaire, et qu’il était flatteur, pour une fille comme Marianne, de voir qu’un homme comme lui mît sa fortune à trouver grâce devant elle ! Car ce que je dis là était écrit dans ses yeux ; Valville ne semblait respirer que ce sentiment-là.

Il tenait une lettre à la main ; c’était la mienne, celle où je lui avais mandé de venir.

Je ne sais, dit-il en me montrant cette lettre qu’il baisa, si je dois me réjouir ou m’affliger de l’ordre que j’ai reçu de votre part dans ce billet ; mais je n’y obéis pas sans inquiétude.

Et il fallait voir avec quelle timidité, avec quel air de défiance sur son sort, il me tenait ce discours.

Monsieur, lui répondis-je, extrêmement émue de tout ce que son abord avait de tendre et de charmant, assoyez-vous.

Il fallut ensuite que je reprisse haleine ; il s’assit.

Oui, monsieur, continuai-je d’une voix encore un peu tremblante, j’ai à vous parler. Eh bien ! mademoiselle, repartit-il tout tremblant à son tour, de quoi s’agit-il ? Que m’annoncez-vous par ce début ? Votre abbesse sait apparemment la visite que je vous rends ?

Oui, monsieur, lui dis-je ; c’est elle-même qui, en vous nommant, est venue m’avertir que vous me demandiez.

En me nommant ! s’écria-t-il ; eh ! comment cela se peut-il ? Je ne la connais point, je ne l’ai jamais vue ; vous lui avez donc dit qui j’étais ? Vous êtes donc convenues ensemble que vous m’enverriez chercher ?

Non, monsieur, je ne lui ai rien confié ; tout ce