Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/330

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de cela. Et nous montions l’escalier pendant ce court entretien. C’est ma mère, ajouta-t-il, qui a voulu que je vous prévinsse sur tout ceci avant que vous vissiez M. de Climal.

À ces mots nous arrivâmes à la porte de sa chambre. Je vous ai dit que j’étais un peu rassurée ; mais la vue de cette chambre où j’allais entrer ne laissa pas que de me remuer intérieurement.

C’était en effet une étrange visite que je rendais ; il y avait mille petites raisons de sentiment qui m’en faisaient une corvée.

Il me répugnait de paraître aux yeux d’un homme qui, à mon gré, ne pourrait guère s’empêcher d’être humilié en me voyant. Je pensais aussi que j’étais jeune, et que je me portais bien, et que lui était vieux et mourant.

Quand je dis vieux, je sais bien que ce n’était pas une chose nouvelle ; mais c’est qu’à l’âge où il était, un homme qui se meurt a cent ans ; et cet homme de cent ans m’avait parlé d’amour, m’avait voulu persuader qu’il n’était vieux que par rapport à moi qui étais trop jeune ; et dans l’état hideux et décrépit où il était, j’avais de la peine à l’aller faire ressouvenir de tout