Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/360

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sans mouvement, plus pâle que la mort, et ne sachant plus où j’étais.

Eh ! ma chère, qu’avez-vous donc ? Vous ne me dites mot ! s’écria Mlle de Fare, étonnée de mon silence et de mon immobilité.

Eh ! que Dieu nous soit en aide ! Aurais-je la berlue ? N’est-ce pas vous, Marianne ? s’écria de son côté Mme Dutour. Eh ! pardi oui, c’est elle-même. Tenez, comme on se rencontre ! je suis venue ici pour montrer de la toile à des dames qui sont vos voisines, et qui m’ont envoyé chercher ; et en revenant, j’ai dit : il faut que je passe chez Mme la marquise, pour voir si elle n’a besoin de rien. Vous m’avez trouvée dans sa chambre, et puis vous m’amenez ici, où je la trouve ; il faut croire que c’est mon bon ange qui m’a inspirée d’entrer dans la maison.

Et tout de suite, elle se jeta à mon col. Quelle bonne fortune avez-vous donc eue ? ajouta-t-elle tout de suite. Comme la voilà belle et bien mise ! Ah ! que je suis aise de vous voir brave ! que cela vous sied bien ! je pense, Dieu me pardonne, qu’elle a une femme de chambre. Eh ! mais, dites-moi donc ce que cela signifie. Voilà qui est admirable, cette pauvre enfant ! Contez-moi donc d’où cela vient.