Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/375

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Votre sérieux me divertit, mon cousin, lui repartit-elle ; au surplus, s’il n’y a pas moyen de vous arrêter, mon carrosse est à votre service.

Bourguignon, ajouta-t-elle tout de suite en parlant à un laquais qui se rencontra là, qu’on mette les chevaux au carrosse. Je pense que voici du monde qui vient : adieu, monsieur ; nous nous reverrons, mais il y a bien de la méchante humeur à vous à nous quitter. Ma belle enfant, je suis votre servante. Allez, ce ne sera rien ; faites-la déjeuner avant qu’elle parte. Là-dessus elle prit congé de nous, et puis, se retournant : Venez, ma fille, dit-elle à Mlle de Fare ; venez, j’ai à vous parler.

Dans un instant, ma mère, je vous suis, répondit la fille en nous regardant tristement, Valville et moi. Je ne comprends rien à ces manières-ci, nous dit-elle ; elles ne ressemblent point à celles d’hier au soir ; quelle en peut être la cause ? Est-ce que cette misérable femme l’aurait déjà instruite ? J’ai de la peine à le croire.

N’en doutez point, reprit Valville, qui avait fait donner ses ordres à son cocher ; mais n’importe, elle sait l’intérêt que ma mère prend à mademoiselle, et tout ce qu’on peut lui avoir dit ne la dispense pas des égards et des politesses qu’elle devait conserver pour elle. D’ailleurs, à propos de quoi en agit-elle si mal avec une jeune personne pour qui elle a vu que ma mère et moi avons les plus grandes attentions ? Cette lingère dont on lui a rapporté les discours, n’a-t-elle pas pu se tromper, et prendre mademoiselle