Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/457

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toujours ; au moyen de quoi je ne pourrais le rendre heureux, ni être en repos moi-même ; sans compter que je ne me pardonnerais pas la vie désagréable que mènerait avec moi un mari qui m’aimerait peut-être, qui pourtant me serait insupportable, et qui aurait eu tout l’amour d’une autre femme, si je n’avais pas été sans nécessité le charger de moi et de mon antipathie. Ainsi il ne faut pas parler de ce mariage, dont cependant je remercie Monseigneur, qui a eu la bonté d’y penser pour moi ; mais, en vérité, il n’y a pas moyen.

Dites-nous donc quelle résolution vous prenez, me répondit le ministre ; que voulez-vous devenir ? Aimez-vous mieux être religieuse ? On vous l’a déjà proposé, et vous choisirez le couvent qu’il vous plaira. Voyez, songez à quelque état qui vous tranquillise ; vous ne voulez pas souffrir qu’on chagrine plus longtemps Mme de Miran à cause de vous ; prenez un parti.

Non, monsieur, dit mon ennemie ; non, rien ne lui convient ; on l’aime, on l’épousera, tout est d’accord ; la petite personne n’en rabattra rien, à moins qu’on n’y mette ordre ; elle est sûre de son fait ; madame l’appelle déjà sa fille, à ce qu’on dit.