Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/467

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présenta à nous, et nous dit qu’elle avait ordre du ministre de nous mener tout à l’heure, si nous voulions, à ce dernier couvent, pour me faire rendre mes hardes, qu’on hésiterait peut-être de me donner si nous y allions sans elle ; à moins que Mme de Miran n’aimât mieux remettre à y aller dans l’après-midi.

Non, non, dit ma mère, finissons cela, ne différons point. Venez, mademoiselle ; aussi bien avons-nous besoin de vous pour aller là ; car j’ai oublié de demander où c’est ; venez, j’aurai soin qu’on vous ramène ensuite.

Cette femme nous suivit donc, et monta en carrosse avec nous ; vous jugez bien qu’il ne fut plus question de cette familiarité qu’elle avait eue avec moi lorsqu’elle m’était venue prendre, et je la vis un peu honteuse de la différence qu’il y avait pour elle de ce voyage-ci à ceux que nous avions déjà faits ensemble. Chacun a son petit orgueil ; nous n’étions plus camarades, et cela lui donnait quelque confusion.

Je n’en abusai point ; j’avais trop de joie, je sortais d’un trop grand triomphe pour m’amuser à être maligne ou glorieuse ; et je n’ai jamais été ni l’un ni l’autre.

L’entretien fut fort réservé pendant le chemin, à cause de cette femme qui nous accompagnait, et qui, à l’occasion de je ne sais quoi qui fut dit, nous apprit que c’était de Mme de Fare que venait toute la rumeur, et qu’en même temps elle avait refusé de se joindre aux autres parents, dans les mouvements