Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/469

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cassette, lequel des deux il vous plaira. Toutes les religieuses que j’avais vues vinrent se réjouir avec moi du succès de mon aventure ; l’abbesse me donna les témoignages d’affection les plus sincères. Elle aurait souhaité que j’eusse passé le reste de la soirée avec elle, mais il n’y avait pas moyen. Ma mère est à la porte de votre maison dans son carrosse ; elle vous aurait vue, lui dis-je ; mais elle est indisposée ; elle vous fait ses excuses, et il faut que je vous quitte.

Quoi ! s’écria-t-elle, cette mère si tendre, cette dame que j’estime tant, est ici ! Mon Dieu ! que j’aurais de plaisir à la voir et à lui dire du bien de vous ! Allez, mademoiselle, retournez-vous-en, mais tâchez de la déterminer à venir un instant ; si je pouvais sortir, je courrais à elle ; et supposons qu’il soit trop tard, dites-lui que je la conjure de revenir encore une fois ici avec vous ; partez, ma chère enfant. Et aussitôt elle me congédia. Un domestique de la maison portait mon petit ballot ; tout ceci se passa en moins d’un demi-quart d’heure de temps. J’oublie encore que l’abbesse chargea la tourière d’aller faire ses compliments à Mme de Miran, qui, de son côté, la fit assurer que nous la reviendrions voir au premier jour ; et puis nous partîmes pour aller, devineriez-vous où ? Au logis, dit ma mère ; car à ton autre couvent, on à dîné, et nous t’y remettrons sur le soir ; non que j’aie envie de t’y laisser longtemps ; mais il est bon que tu y fasses encore quelque séjour, ne fût-ce qu’à cause de ce qui t’est arrivé, et de l’inquiétude que j’en ai montrée moi-même.