Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/500

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et je n’y serai plus quand tu le feras, ajouta-t-elle en déchirant le papier qu’elle jeta dans ma cheminée ; garde ton bien pour mes petits-fils, tu n’auras point d’autres héritiers, je l’espère.

Eh ! pourquoi dites-vous que vous n’y serez plus, ma mère ? Il vaudrait donc mieux que je mourusse aujourd’hui, lui répondis-je, la larme à l’œil.

Paix, me repartit-elle ; n’est-il pas naturel que je finisse avant vous ? Qu’est-ce que cela signifie ? C’est l’extravagance de votre papier qui est cause de ce que je vous dis là ; songeons à vivre, et hâte-toi de guérir, de peur que Valville ne soit malade. Je t’avertis qu’il ne s’accommode point de ne te plus voir. (Notez que je lui en avais toujours demandé des nouvelles.)

Elle en était là, quand Mlle Varthon et le médecin entrèrent. Celui-ci me trouva fort tranquille et hors d’affaire, à ma faiblesse près ; de façon que ma mère ne vint plus, et se contenta les jours suivants d’envoyer savoir comment je me portais, ou de passer au couvent pour l’apprendre elle-même ; et le lendemain ce fut Valville qui vint de sa part.

Je n’ai pas songé à vous dire que Mme de Miran, durant ses visites, avait toujours extrêmement caressé Mlle Varthon, et qu’il était arrêté que nous irions, cette belle étrangère et moi, dîner chez elle, aussitôt que je pourrais sortir.

Or, ce fut à cette demoiselle que Valville demanda à parler, tant pour s’informer de mon état, et pour