Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/504

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qu’elle m’a envoyé, que j’irais demain chez elle. Je m’en dédirai pourtant si vous le souhaitez, ajouta-t-elle. Voyez, resterai-je ? je vous avertis que j’aimerais bien mieux être avec vous.

Non, lui répondis-je en lui prenant affectueusement la main, je vous prie d’y aller ; il faut répondre à l’envie qu’elle a de vous voir. Ayez seulement la bonté d’en revenir une demi-heure plus tôt que vous ne le feriez sans moi, et je serai contente.

Mais je ne le serais pas, moi, me repartit-elle, et vous trouverez bon que j’abrège un peu davantage ; je ne prétends point m’y ennuyer si longtemps que vous le dites.

Passons donc au lendemain. Mlle Varthon se rendit chez cette amie de sa mère, dont le carrosse la vint chercher de si bonne heure qu’elle en murmura, qu’elle en fut de mauvaise humeur, et le tout encore à cause de moi avec qui elle était alors. Cependant elle en revint beaucoup plus tard que je ne l’attendais. Je n’ai pas été la maîtresse de quitter, me dit-elle, on m’a retenue malgré moi. Et il n’y avait rien de plus croyable.

Quelques jours après, elle y retourna encore, et puis y retourna ; il le fallait, à moins que de rompre avec la dame, à ce qu’elle disait, et je n’en doutai point ; mais elle me paraissait en revenir avec un fond de distraction et de rêverie qui ne lui était point ordinaire. Je lui en dis un mot ; elle me répondit que je me trompais, et je n’y songeai plus.

Je commençais à me lever alors, quoique encore