Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/506

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne veniez pas de pleurer, lorsque j’entrai chez vous, je ne vous demande point de quoi il s’agit, ma chère compagne ; dans la situation où je suis, je ne puis vous être bonne à rien ; mais votre tristesse m’inquiète, j’en crains les suites ; songez que vous sortez de maladie, et que ce n’est pas le moyen de revenir en parfaite santé que de vous livrer à des pensées fâcheuses ; notre amitié veut que je vous le dise et je n’irai pas plus loin.

Hélas ! je vous assure que vous me prévenez, lui répondis-je ; je n’avais point dessein de vous cacher ce qui me fait de la peine ; mon cœur n’a rien de secret pour vous ; mais il n’y a pas longtemps que je suis bien sûre d’avoir sujet d’être triste, et la journée ne se serait pas passée sans que je vous eusse tout confié. Je n’aurais eu garde de me refuser cette consolation-là.

Oui, mademoiselle, repris-je, après m’être interrompue par un soupir, oui, j’ai du chagrin ; je vous ai déjà raconté la plus grande partie de mon histoire ; ma maladie m’a empêchée de vous dire le reste, et le voici en deux mots.

Mme de Miran est cette dame que, s’il vous en souvient, je vous ai dit que j’avais rencontrée ; vous avez été témoin de ses façons avec moi, on la prendrait pour ma mère, et depuis le premier instant où je l’ai vue, elle en a toujours agi de même.

Ce n’est pas là tout ; ce M. de Valville, qui vous vint voir l’autre jour… Eh bien ! ce M. de Valville, me dit-elle sans me donner le temps d’achever, est-ce