Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/85

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bien pu se passer de venir là, et que, dans le fond, on avait un peu craint, mais le plus imperceptiblement qu’on l’avait pu.

C’est encore leurs pensées que j’explique, et je soutiens que je les rends comme elles étaient. J’en eus pour garant certain coup d’œil que je leur avais vu jeter sur moi quand je m’avançai, et je compris fort bien tout ce qu’il y avait dans ce coup d’œil-là : on avait voulu le rendre distrait, mais c’était d’une distraction faite exprès ; car il y était resté, malgré qu’on en eût, un air d’inquiétude et de dédain, qui était un aveu bien franc de ce que je valais.

Cela me parut comme une vérité qui échappe, et qu’on veut corriger par un mensonge.

Quoi qu’il en soit, cette petite figure dont on avait refusé de tenir compte, et devant qui toutes les autres n’étaient plus rien, il fallut en venir à voir ce que c’était pourtant, et retourner sur ses pas pour l’examiner, puisqu’il plaisait au caprice des hommes de la distinguer, et d’en faire quelque chose.

Voilà donc mes coquettes qui me regardent à leur tour, et ma physionomie n’était pas faite pour les rassurer : il n’y avait rien de si ingrat que l’espérance d’en pouvoir médire ; et je n’avais, en vérité, que des grâces au service de leur colère. Oh ! vous m’avouerez