Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/107

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Tresle baissa tant qu’on fit partir un domestique pour avertir ses filles, qui la trouvèrent morte quand elles arrivèrent.

Le fils aîné, celui que j’ai dit qui demeurait à quinze lieues de là, dans la terre de sa femme, était alors avec elle à Paris, où une affaire l’avait obligé d’aller, et le cadet était dans je ne sais quelle province avec son régiment. Ainsi, dans cette occurrence, il n’y eut que leurs sœurs de présentes, et je dépendis d’elles.

Elles restèrent quatre ou cinq jours à la maison, tant pour rendre les derniers devoirs à leur mère, que pour mettre tout en ordre dans l’absence de leurs frères. Je crois qu’il y eut un inventaire ; du moins des gens de justice y furent-ils appelés ; Mme de Tresle avait fait un testament ; il y avait quelques petits legs à acquitter, et mes tantes prétendaient d’ailleurs avoir des reprises sur le bien.

Figurez-vous des discussions, des débats entres les sœurs, qui tantôt se querellent, et tantôt se réunissent contre un homme à qui leur frère aîné, informé de la maladie de sa mère, avait envoyé sa procuration de Paris.

Imaginez-vous enfin tout ce que l’avarice et l’amour du butin peuvent exciter de criailleries et d’agitations indécentes entre des enfants qui n’ont point de sentiment, et à qui la mort de leur mère ne laisse, au lieu d’affliction, que de l’avidité pour sa dépouille. Voilà l’image de ce qui arriva alors.

Où étais-je pendant tout ce fracas ? Dans une petite chambre où l’on m’avait reléguée à cause de mes