Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/154

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et de trois ou quatre domestiques de la maison, qui étaient armés.

Le baron et son ami avaient couché au château. Mme de Sainte-Hermières les avait retenus sous prétexte qu’ils seraient le lendemain plus près de l’église, où l’on devait se rendre de très bon matin ; et cette dame avait ordonné qu’on les éveillât tous deux, leur avait fait dire qu’on l’avait réveillée elle-même, pour l’avertir, qu’il y avait du bruit dans ma chambre, qu’on y entendait différentes voix, qu’à la vérité je ne criais point, mais qu’on présumait ou qu’on m’en empêchait, ou que je n’osais crier, qu’il y avait apparence que c’étaient des voleurs, et. qu’elle conjurait ces messieurs de venir à mon secours et au sien, avec ses gens qui étaient tous levés.

Voilà pourquoi je les vis tous armés quand ils ouvrirent ma porte.

L’abbé, qui savait bien ce qui arriverait, venait de me remettre dans mon fauteuil, et me tenait encore une main quand ils parurent.

Je me retournai avec cet air de désolation que j’avais, et le visage tout baigné de pleurs.

À cette apparition, je fis un cri de douleur, qu’on dut attribuer à la confusion que j’avais de me voir surprise avec l’abbé. Ajoutez à cela que mes larmes déposaient encore contre moi ; car, puisque je n’avais appelé personne, d’où pouvaient-elles venir, dans les conjonctures où j’étais, que de l’affliction d’une amante qui va se séparer de ce qu’elle aime ?