Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/158

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que je pus sortir ; mais on me fuyait ; il était défendu à mes compagnes de m’approcher, et je pris le parti de ne me plus montrer.

Confinée dans ma chambre, toujours noyée dans les pleurs, méconnaissable à force d’être changée, j’implorais le ciel ; et j’attendais qu’il eût pitié de moi, sans oser l’espérer.

Il m’exauça cependant, et fit la grâce à Mme de Sainte-Hermières de la punir pour la sauver.

Elle était allée rendre visite à une de ses amies ; il avait plu beaucoup la veille, les chemins étaient rompus, et son carrosse versa dans un profond et large fossé, dont on ne la retira qu’évanouie et à moitié brisée. On la reporta chez elle. La fièvre se joignit à cet accident, qui avait été précédé d’un peu d’indisposition ; et elle fut si mal, qu’on crut qu’elle n’en réchapperait pas.

Un ou deux jours avant qu’on désespérât d’elle, une de ses femmes, qui était mariée ; prête d’accoucher, qui souffrait beaucoup, et qui se vit en danger de mourir, dans la peur qu’elle en eut, se crut obligée de révéler une chose qui me concernait, et qui chargeait sa conscience.

Elle déclara donc, en présence de témoins, que la veille de mon mariage avec M. de Sercour, l’abbé lui avait fait présent d’une assez jolie bague pour l’engager à l’introduire sur le soir dans le cabinet de la chambre où je devais coucher.

Je répondis d’abord que j’y consentais, raconta-t-