Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

volontiers, n’est-ce pas ? et je manderai à la marquise qu’elle est chez moi. Combien vous est-il dû pour elle ? Dites ; je vous payerai sur-le-champ.

Eh ! mon Dieu ! madame, cette affaire-là ne presse pas, reprit M. Villot. Pour ce qui est de notre jeune maîtresse, il est juste que vous l’ayez, puisque vous la voulez, je ne saurais dire non, et dans le fond j’en suis bien aise à cause d’elle, qui sera avec sa bonne tante ; mais cela n’empêchera pas que je ne m’en retourne triste ; et nous allons être bien étonnés, Mme Villot et moi, de ne la plus voir dans la maison ; car, sauf son respect nous l’aimions comme notre enfant, et nous l’aimerons toujours de même, ajouta-t-il presque la larme à l’œil. Et votre enfant vous le rend bien, lui répondis-je aussi toute attendrie.

Vous ne la perdez pas, vous la reviendrez voir quand il vous plaira, dit Mme Dursan que notre attendrissement touchait à son tour.

Nous profiterons de la permission, répondit M. Villot, que j’embrassai sans façon et de tout mon cœur, et que je chargeai de mille amitiés pour sa femme, que je promis d’aller voir le lendemain. Après quoi il partit.

Dixième partie

Vous reçûtes hier la neuvième partie de mon histoire, et je vous envoie aujourd’hui la dixième ; on ne saurait guère aller plus vite. Je prévois, malgré cela, que vous ne me tiendrez pas grand compte de ma diligence ; j’avoue moi-même que je n’ai pas le droit de la vanter. J’ai été jusqu’ici si paresseuse, qu’elle ne signifie pas encore que je me corrige ;