Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/220

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la maîtresse d’ignorer ce que c’est. Cependant, de quelque nature que soit le secret qu’il est si important que je sache, je consens, monsieur, qu’il vous le déclare. Je veux bien le partager avec vous ; si je fais une imprudence, je n’en accuserai personne, et ne m’en prendrai qu’à moi.

Eh ! ma tante, lui dis-je alors, tâchez de surmonter votre répugnance là-dessus ; l’inconnu, qui l’a prévue, nous a demandé en grâce, à Mme Dorfrainville et à moi, de joindre nos prières à celles de monsieur.

Oui, madame, reprit à son tour Mme Dorfrainville, je lui ai promis aussi de vous amener, d’autant plus qu’il m’a bien assuré que vous vous reprocheriez infailliblement de n’avoir pas voulu descendre.

Ah ! quelle persécution ! s’écria cette mère toute émue ; quel quart d’heure pour moi ! De quoi faut-il donc qu’il m’instruise ? Et vous, Brunon, ajouta-t-elle en jetant les yeux sur sa belle-fille qui laissait couler quelques larmes, pourquoi pleurez-vous ?

C’est qu’elle a reconnu le malade, répondis-je pour elle, et qu’elle est touchée de le voir mourir.

Quoi ! tu le connais aussi, reprit ma tante en lui adressant encore ces paroles. Oui, madame, repartit-elle, il a des parents pour qui j’aurai toute ma vie des sentiments de tendresse et de respect, et je vous les nommerais s’il ne voulait pas rester inconnu.

Je ne demande point à savoir ce qu’il veut qu’on ignore, répondit ma tante ; mais, puisque tu sais qui il est, et qu’il a vécu longtemps avec Dursan, dit-il,