Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/242

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les meilleures places, je la pressai beaucoup de se mettre à la mienne, et l’en pressai d’une manière aussi sincère qu’obligeante.

Elle parut extrêmement touchée de mes instances, me fit sentir combien elle les estimait de ma part, et mêla même quelque chose de si flatteur pour moi dans ce qu’elle me répondit, que mes empressements en redoublèrent ; mais il n’y eut pas moyen de la persuader, et en effet son indisposition se passa.

Comme elle était placée auprès de moi, nous avions de temps en temps de petites conversations ensemble.

La dame que j’ai appelée ma compagne, et qui était d’un certain âge, m’appelait presque toujours sa fille quand elle me parlait ; et là-dessus notre inconnue crut qu’elle était ma mère.

Non, lui dis-je, c’est une amie de ma famille qui a eu la bonté de se charger de moi jusqu’à Paris, où nous allons toutes deux, elle pour recueillir une succession, et moi pour joindre ma mère, qu’il y a longtemps que je n’ai vue.

Je voudrais bien être cette mère-là, me dit-elle