Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/417

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ce pas, madame ? Eh ! où le prendrai-je pour vous en faire, si on ne prétend pas que j’en garde ? Monsieur ne veut pas que je me donne les airs d’en avoir. Quel misérable pays, madame, où on met au cachot les personnes qui ont de l’honneur, et en chambre garnie, celles qui n’en ont point ! Epousez des femmes de chambre pour homme, et vous aurez des rouleaux d’argent ; prenez une honnête fille, vous voilà niché entre quatre murailles. Voilà comme monsieur l’entend, qui veut, sauf votre respect, que j’épouse sa femme de chambre.

Explique-toi mieux, me dit madame qui se mordait les lèvres pour s’empêcher de rire ; je ne te comprends point. Qu’est-ce que c’est que cette femme de chambre ? Est-ce que mon mari en a une ?

Eh ! oui, madame, lui dis-je ; c’est la vôtre ; c’est Mlle Geneviève qui me recherche, et qu’on me commande de prendre pour femme.

Écoute, Jacob, me dit-elle ; c’est à toi à consulter ton cœur. Eh bien ! mon cœur et moi, repris-je, avons aussi là-dessus raisonné bien longtemps ensemble, et il n’en veut pas entendre parler.

Il est pourtant vrai, dit-elle, que cela ferait ta fortune ; car mon mari ne te laisserait pas là, je le connais.

Oui, madame, répondis-je, mais, par charité, songez un peu à ce que c’est que d’avoir des enfants qui vous appellent leur père, et qui en ont menti. Cela est bien triste ! et cependant si j’épouse Geneviève, je suis en danger de n’avoir point d’autres enfants