Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/50

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Eh bien ! mademoiselle, qu’est-ce que c’est que ce papier ? Que voulez-vous que j’en fasse ! me dit-il en le tenant d’une main tremblante. Ah ! oui, ajouta-t-il ensuite en feignant de rire, et sans trop savoir ce qu’il disait ; je vois bien, oui, c’est de moi, c’est ma lettre, j’oubliais de vous en parler ; c’est une bagatelle. Vous étiez malade, la conversation roulait sur, l’amour, et à l’occasion de cela, j’ai plaisanté ; voilà tout. Je n’y songeais plus ; c’est que nous nous sommes rencontrés ailleurs, Mlle Varthon et moi ; je l’ai vue chez Mme de Kilnare ; hélas ! mon Dieu, tout le monde le sait, il n’y a pas de mystère ; je ne vous voyais pas, et on s’amuse. À propos de Mme de Kilnare, j’ai grande envie que vous la connaissiez, je crois même lui avoir parlé de vous ; c’est une femme de mérite.

Je le laissai achever tout ce discours, qui n’avait ni suite ni raison, et qui marquait si bien le désordre de son esprit ; je me taisais les yeux baissés.