Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/504

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N’y en a-t-il pas ? Me voilà comme un troublé si vous ne parlez vite.

Ne t’inquiète pas, me dit-elle ; il ne s’agit de rien de fâcheux. Dame ! répondis-je, c’est qu’il faut compter que j’ai un cœur qui n’entend envers vous pas plus de raison qu’un enfant ; et ce n’est pas ma faute. Pourquoi m’avez-vous été si bonne ? Je n’ai pu y tenir. Mais, mon garçon, me dit-elle alors en me regardant avec une attention qui me conjurait d’être vrai, n’exagères-tu point ton attachement pour moi, et me dis-tu ce que tu penses ? Puis-je te croire ?

Comment ! repris-je en faisant un pas en arrière, vous doutez de moi, mademoiselle ? Pendant que je mettrais ma vie en gage, et une centaine avec, si je les avais, pour acheter la santé de la vôtre et sa continuation, vous doutez de moi ? Hélas ! il n’y aura donc plus de joie en moi ; car je n’ai vaillant que mon pauvre cœur ; et dès que vous ne le connaissez pas, c’est tout comme si je n’avais plus rien : voilà qui est fini ; après toutes les grâces que j’ai reçues d’une maîtresse qui m’a donné sa parenté pour rien, si vous me dites : M’aimes-tu, cousin ? que je vous dise : Eh ! pardi, oui, cousine ; et que vous repartiez : Peut-être que non, cousin : votre parent est donc pis qu’un ours ; il n’y a point dans les bois d’animal qui soit son pareil, ni si dénaturé que lui. N’est-ce pas là un beau bijou que vous avez mis dans votre famille ? Allez, que Dieu vous le pardonne, mademoiselle, car il n’y a plus de cousine, j’aurais trop de confusion de proférer ce nom-là, après la barbarie que vous me