Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/54

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à propos que je tienne ; vous êtes le maître, et ce n’est que dans le dessein de vous servir que j’ai pris la liberté de vous tirer à quartier. Ainsi expliquez-vous, monsieur.

Jusque-là Valville s’était défendu du mieux qu’il avait pu, et avait eu, je ne sais comment, le courage de ne convenir de rien ; mais ce que je venais de dire le mit hors d’état de résister davantage. Ma générosité le terrassa, l’anéantit devant moi ; je ne vis plus qu’un homme rendu, qui ne faisait plus mystère de sa honte, qui s’y laissait aller sans réserve, et qui se mettait à la merci du mépris que j’étais bien en droit d’avoir pour lui. Je ne fis pas semblant de voir sa confusion ; mais comme il restait muet : Ayez donc la bonté de me répondre, monsieur, lui dis-je ; que me prescrivez-vous ?

Mademoiselle, comme il vous plaira. J’ai tort ; je ne saurais parler. Ce fut là toute sa réponse.

Il aurait cependant été nécessaire de voir ce que je dirai, ajoutai-je encore d’un air franc et pressant. Mais il se tut, il n’y eut plus moyen d’en tirer un mot.

Mlle Varthon, qui s’était détachée de nos deux dames, approchait pendant qu’elles se promenaient.

Monsieur, lui dis-je, dans l’incertitude où vous me laissez du parti que je dois prendre, j’en agirai avec le plus de discrétion qu’il me sera possible, et il ne tiendra pas à moi que tout ceci ne réussisse au gré de vos désirs.

Comme il restait toujours muet, et que j’allais le